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Du nouveau : Petit Meslier par H.Blin & vins de la Vallée des Abeilles

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Nouvelle salle de dégustation professionnelle dans les locaux flambant neufs de la Coopérative du Champagne H. Blin, revendicatrice de ses racines champenoises. Elle pousse le bouchon à l'extrême pour ne faire travailler que les artisans de sa région en général et de son point d'ancrage en particulier : Vincelles

Mi-juin dernier, lancement à Paris de 4 nouveaux vins confidentiels et d’1 champagne qui l’est tout autant. Edités en série limitée, les premiers sont nés à partir de 2 parcelles roussillonnaises de 1,5 hectare, le second provient d’un lopin de moins d’1 hectare et d’1 cépage rare, le petit meslier. Lever de rideau sur les vins de la Vallée des Abeilles et sur l’Esprit Nature de la Coopérative du Champagne H.Blin.

L’homme d’affaires Rodolphe Bourgeron, le vigneron Jean-Emmanuel Parcé (Domaine de la Rectorie) et le chef multi-étoilé Pierre Gagnaire, ont dévoilé leurs toutes premières cuvées roussillonnaises à Paris dans le VIème arrondissement. Issues de 2 parcelles (environ 1,50 hectare) acquises sur un terroir de Banyuls-sur-Mer intitulé la « Vallée des Abeilles » (le nom donné du coup à la société qu’ils ont tous trois créée), ces cuvées numérotées, scellées par un bouchon de cire sont, pour l’heure, au nombre de 4. Elles ont été testées et approuvées au crépuscule, dans le jardin de l’hôtel particulier parisien de Rodolphe Bourgeron, à l’ombre bienvenue d’un laurier-cerise, alors que la touffeur écrasait la capitale. J’ai créé le logo, prévient fièrement la jolie maman de Rodolphe. A savoir une abeille imprimée en sérigraphie dorée sur le flacon. Au son des notes égrainées par quelques pianistes émérites, les 4 vins Vallée des Abeilles millésime 2024, façonnés en terre banyulenque, servis à bonne température malgré la chaleur, ont séduit les convives autour de mets légers, délicats, d’un plateau de fromages. Drapé dans une robe couleur miel, le blanc sec en appellation Collioure provient de grenaches gris et blanc. Il a séjourné 7 mois en tonneau. Harmonieux, gras et complexe, il déploie des arômes et des saveurs d’abricot sec, d’anis, de cire d’abeille. Issu de grenache noir et de carignan, le collioure rouge a été élevé en cuve. Très clair mais néanmoins puissant et charnu, il dégage des notes florales et épicées au nez comme en bouche dotée de fraîcheur et de tanins très fins. Je n’ai pas goûté le Banyuls rouge élevé 9 mois en cuve béton, en milieu réducteur. En revanche, la finesse, l’élégance et la suavité du Rancio divin, rond et corsé m’ont littéralement envoûtée. A son propos Jean-Emmanuel Parcé ajoute : il a été élevé en barrique, à l’extérieur, élaboré avec les dernières presses du collioure blanc.

Editées en série limitée -forcément, avec aussi peu d’hectares- les bouteilles en col blanc arborent sur le goulot, le nom des 3 associés-propriétaires.

Prix : 38 € le collioure blanc, le collioure rouge et le banyuls rouge ; 65 € le rancio. Disponibles au Domaine de la Rectorie, 65 av. du Puig del mas, Banyuls sur mer ; courriel :  jeparce@rectorie.fr ou dans les restaurants de Pierre Gagnaire.

LE LENDEMAIN, au Bistrot du Sommelier (bd Haussmann, Paris VIIIème), à l’occasion de ses« vendredis du vignerons », Philippe Faure-Brac a notamment reçu quelques membres des champagnes H. Blin (Daniel Falala, Chloré Barillot et l’intarissable sommelier Denis Garret). Ils ont présenté L’Esprit Nature, 100 % Petit Meslier, nouveau-né de la Coopérative du Champagne H. Blin. Située dans la Vallée de la Marne, elle rassemble environ 115 vignerons oeuvrant sur 105 hectares dont 10 sont certifiés bio. 70 % du vignoble est consacré au meunier, 16 % au chardonnay, 13,5 % au pinot noir et 0,5 % au petit meslier. Ce dernier ainsi que l’arbane, le pinot blanc (ou blanc vrai) et le pinot gris (ou fromenteau) ne représentent à eux 4 que 0,3 % du vignoble champenois. Après avoir été mis de côté car du genre capricieux et difficile à produire, ces cépages blancs, rustiques, d’autrefois, redeviennent au goût du jour même s’ils avaient conservé les bonnes grâces d’une petite poignée de vignerons.

Fondée par Henri Blin en 1947, la coopérative est aujourd’hui dirigée par son petit-fils Simon Blin. En 2018, il a planté une parcelle de petit meslier sur moins d’1 hectare. Le cépage entre à 100 % dans la composition de l’Esprit Nature, tout juste sorti de cave. Cette cuvée dite de la troisième feuille -car les raisins ont été vendangés 3 ans après la plantation des premiers ceps- doit vieillir au moins 4 ans. Dégusté mi-juin 2025, cet étonnant brut nature (0g/l de sucre), peut se permettre de patienter quelques années encore en cave. Après quelques minutes d’aération, des senteurs légèrement fumées fusent de la robe jaune pâle à reflets verts. Interviennent ensuite des notes citronnées qui participent allègrement à la tension en bouche très vive et dont l’acidité n’a pas été adoucie par une fermentation malolactique. Sans soufre ni sucre ajoutés, l’Esprit Nature est donc un champagne d’une grande pureté, sans fards, franc et droit, déployant avec magnificence toute la fraîcheur de sa jeunesse accouplée à la minéralité de la craie. Idéal à l’apéritif grâce à sa belle vivacité, il a comparu ensuite aux côtés de 2 autres cuvées dosées en extra-brut : le Blanc de Blancs 100 % chardonnay bio et la cuvée iconique de H. Blin, le Blanc de Noirs 100 % meunier. Tous 3 ont escorté à merveille le délicieux sandre en ceviche, tartare d’algues et sorbet citron vert, délicieuse entrée concoctée par le chef Logan Nachammara. En place depuis déjà 6 années, il réalise ses plats avec goût et talent pour les associer aux vins, en parfait accord avec Philippe Faure-Brac. Au cours du déjeuner, le Meilleur Sommelier du Monde, a notamment remercié de sa présence la journaliste Dominique de Rabaudy, veuve de l’écrivain et critique gastronomique Nicolas de Rabaudy. Car c’est en mai 1984, qu’ensemble, les 2 hommes avaient ouvert le Bistrot du Sommelier, avant que Philippe Faure-Brac ne rachète ses parts au journaliste, début des années 1990. C’est également en 1984 que le tenant du titre Un des Meilleurs Ouvriers de France, Honoris Causa était élu Meilleur Sommelier de France Ruinart.

DES CUVEES PROFONDEMENT ANCREES DANS LE TERROIR DE VINCELLES, DE LA VALLEE DE LA MARNE, DE LA CHAMPAGNE

Plein, épanoui, abouti, le Blanc de Noirs 2016 accompagnait ensuite le suprême de volaille contisé à la truffe. Cuite de façon exemplaire, la chair blanche et tendre s’est révélée absolument moelleuse, merveilleusement fondante, savoureuse, à la hauteur de la cuvée élaborée pour s’associer avec les mets les plus nobles (langouste grillée, poulet de Bresse aux morilles, Brie truffé…). Construit à partir d’une sélection parcellaire (sélection d’une dizaine de parcelles dont la plus ancienne remonte à 1910), dosé en extra-brut (2,5 g/l), le Blanc de Noirs 2016 exprime « la quintessence du terroir de Vincelles ». Le nez aux arômes de poire, de pêche blanche, précède une bouche riche, complexe, briochée, qui, malgré ses 9 ans, est restée d’une grande fraîcheur.

Le Rosé de Saignée 2018, issu de meunier à 100 %, dosé lui aussi en extra-brut (4 g/l), a été réalisé selon une technique d’antan, complexe, très peu utilisée en Champagne. Il montre une belle robe rose foncé, presque rouge, une mousse crémeuse et une effervescence aussi fine que les précédentes cuvées bien que plus délicate encore. La bouche ronde, épicée, fruitée, droite, fraîche, a clamé un grand « oui » lors de son mariage avec la salade de fruits frais : cerises, fraises, myrtilles et gelée de litchi à la rose, Streusel. En provenance d’une sélection parcellaire, cette cuvée rappelle que la Coopérative du Champagne H. Blin vient de s’offrir une micro-cuverie parcellaire inox et un chai à barriques dont le bois provient exclusivement d’une quinzaine de chênes centenaires prélevés en 2022 dans la forêt de Vincelles. Ils sont utilisés par la Tonnellerie de Champagne afin de fabriquer tonneaux, foudres, demi-muids de la coopérative. Dans les conversations qui allaient bon train lors du déjeuner de ce Vendredi du Vigneron, la mention de « terroir » a été revendiquée, répétée avec insistance. A juste titre puisqu’employée à bon escient (le mot « terroir » est par ailleurs bien trop souvent utilisé à tort et à travers). Car chez H. Blin, tout ce qui sert à élaborer un champagne vient de la Vallée de la Marne. Pour ancrer encore plus profondément l’âme des vins dans le terroir régional. Les raisins naissent à Vincelles et dans les villages des alentours, les vins sont élaborés à Vincelles, les fûts émanent de sa forêt et de la Tonnellerie de Champagne etc. Les nouveaux locaux (espaces d’accueil, de dégustation) ont été façonnés par des entreprises champenoises à 100 %. Afin de valoriser encore davantage le « terroir » s’il en était besoin, toutes les chutes de bois n’ayant pas servi au chai ont trouvé une seconde vie dans le mobilier tout neuf (tables de dégustation, bancs, meubles d’accueil…). Alors oui, les champagnes H. Blin, méritent le terme de « terroir » comme la qualification de « vins identitaires » car ils respirent la Champagne, la Vallée de la Marne, Vincelles. Et à prix raisonnables de surcroit. En commençant par l’ambassadeur de la Coopérative, le Brut Tradition, souple, équilibré, vif et frais. Le coût de 100 % Petit Meslier peut, cependant, sembler élevé mais il s’agit d’une édition très limitée, une cuvée spéciale…

Prix : env. 29 € le Brut Tradition ; 30 € le Blanc de Blancs ; 32 € le Blanc de Noirs ; 79 € l’Esprit Nature 100 % Petit Meslier.

Infos+ : www.champagne-blin.com