Acquis par la famille Thibon en 1670, le Mas de Libian se transmet depuis de génération en génération. Les unes et les autres travailleront la terre jusqu’à ce que, début des années 1970, Jean-Pierre Thibon donne à l’exploitation sa vocation viticole. En les épousant, lui et la vigne, Jacqueline délaissera pour eux son métier de cardiologue. Une passion contagieuse, communiquée à leurs 3 filles qui oeuvrent dans l’univers du vin, 2 d’entre elles, Hélène et Catherine, ayant rejoint les parents, tout comme Alain, l’époux d’Hélène. Leur fils Aurélien et leur belle-fille se sont, à leur tour, installés au Mas de Libian. A St Marcel d’Ardèche. Sur les 33 hectares que couvre l’exploitation, 25 sont consacrés à la vigne. Elle s’épanouit majoritairement sur un sol de galets roulés et d’argile rouge. Un sol qui n’est pas sans rappeler celui de Châteauneuf-du-Pape et, plus largement, le vignoble rhodanien. Ces fameux galets roulés charriés, déposés par le Rhône à l’époque glaciaire et polis par le fleuve, emmagasinent la chaleur le jour puis la restituent à la plante la nuit. Cette température quasi constante offre une maturation optimale des grappes même lors des années fraîches. 
Cultivé depuis toujours en agriculture biologique, le vignoble du Mas de Libian fut certifié en biodynamie par DEMETER en 2005. Tout est réalisé manuellement (travail du sol, piochage, labour au cheval de trait…), à l’aide d’engrais verts (légumineuses et céréales) essentiellement. A la vigne comme au chai, fignolage et rigueur sont exécutés avec le même esprit paysan qui caractérise la famille restée de tout temps proche de la terre.
4 rouges, 1 blanc et 1 rosé composent la gamme des vins de Libian : des vins ciselés qui se distinguent par leur fraîcheur et leur finesse
Le blanc, Cave Vinum 2024 est en Vin de France. Car, prévient Hélène Thibon, une parcelle (la plus belle) n’est pas classée en AOP puisqu’elle est exposée au nord. Pourtant, avec le réchauffement climatique, c’est bien là qu’il faut désormais planter les blancs si l’on veut garder un peu de fraîcheur. Malheureusement, les règles de l’AOP sont figées dans le marbre, personne ne veut regarder en face la réalité du réchauffement climatique. Cave Vinum 2024 est élaboré à partir de 35 % de viognier, 20 % de clairette, 10 % de chenin, muscat, rolle et chouchillon, un cépage très acide, toujours complanté avec le viognier. Une partie des raisins macère dans le jus avec la peau, offrant à terme ce blanc limpide, pâle, à reflets verts qui a merveilleusement accompagné la pulpe de fenouil, émietté de crabe à l’huile d’olive maturée, œufs de truite et citronnelle, mini pensées et dentelle de sarrasin, réalisée par Laurent Pichaureaux, chef et propriétaire du restaurant Esens’ALL. De par sa fraîcheur, le vin a exacerbé celle de l’entrée, belle, radieuse et délicate comme un mini-jardin coloré. Les notes d’abricot du 2024 adoucissent la tension en bouche, une vivacité citronnée agréable, idéale pour escorter notamment les produits de la mer et les fromages de chèvre. Prix : env. 17,50 €.
Parmi les rouges, un vin de soif nommé Pétanque (Vin de France). Le 2024 est assemblé à partir de grenache, mourvèdre, syrah, counoise et vaccarèse. Produit à partir des jeunes vignes du domaine, il est désaltérant, frais, léger, fruité, rehaussé par une note poivrée. Prix : env. 11 €.
Egalement rouge, Bout d’Z*n 2024 (Côtes du Rhône) provient de l’assemblage du grenache (75 %) et de la syrah (25 %). S’il peut se conserver au moins 8 ans, il est d’ores et déjà accessible. On l’apprécie de l’apéritif au repas, qu’il soit simple ou plus élaboré, pour son charme, son fruit, sa rondeur, soulignée par une légère note de réglisse. Il porte le surnom attribué dans son enfance à Jean-Pierre Thibon en raison de son teint hâlé et sa petite taille. Le « a » du mot Zan n’est plus, comme Haribo l’a exigé. Prix : 14,50 €.
Couleur rubis, Khayyâm 2024 (Côtes du Rhône) rend hommage au poète et mathématicien persan du XIème siècle, Omar Khayyâm, célèbre pour ses écrits sur le vin et les femmes. L’étiquette de chaque millésime arbore l’un de ses versets, à chaque fois différent. Le vin ayant besoin d’un peu de temps pour s’exprimer, laissez-le patienter au moins 2 heures en carafe avant de le savourer. La bouche révèle l’alliance réussie de la chaleur, de la générosité, de l’acidité et des tanins soyeux. Les notes de fruits rouges se mêlent harmonieusement aux épices (poivre blanc), la finale est juteuse et salivante. C’est un vin qui vieillit bien, une bonne dizaine d’années, l’âge n’altérant en rien sa fraîcheur. Après 3 ou 4 ans, il reste joyeux, porté par les fruits rouges frais, avec des notes salines et réglissées plus marquées que dans sa jeunesse. Façonné à partir de 70 % grenache, 15 % syrah et 15 % mourvèdre, il apprécie tout particulièrement qui lui va bien avec ses viandes en sauce réconfortantes. Prix : 17,50 €.
Infos+ : masdelibian.com ; Esens’ALL, 12 rue Dulong, Paris XVIIème.
Légendes :
Image 1 = sol de galets roulés ; Image 2 : pulpe de fenouil, émietté de crabe à l’huile d’olive maturée, œufs de truite et citronnelle, mini pensées et dentelle de sarrasin
